Des questions qui restent sans
réponse certaine
Pièces à conviction et traces négligées
- Pourquoi n'a-t-on pas pris d'empreintes
digitales sur les deux tubes vides de colle à rustines trouvés
sur les lieux des crimes? Il n'est pas courant que des
cyclistes circulent sur du ballast le long des voies de
chemins de fer. Ces tubes auraient-ils pu tomber de la poche
des enfants, qui avaient eux-mêmes des bicyclettes? Ou plutôt
de celles de Heaulme, cycliste très assidu?
- Avait-on utilisé cette colle à rustines pour
réparer des chambres à air de vélo ? Cela représente une
dizaines de crevaison réparées... Ou bien avait-on utilisé les
propriétés enivrantes de ce cocktail de solvants qu'est la
dissolution (vrai nom de la "colle à rustine"). Aurait-on
initié les enfants à ce "jeu" pour les rendre moins vigilants
et pouvoir les assommer? Impossible à savoir, mais c'est une
des explications envisageables au fait que les enfants n'ont
pas fui et ne sont pas défendus.
- Les négatifs des clichés de la trace de main
sanglante sur le côté d'un des wagons ont disparu.
L'inspecteur Varlet soutient qu'ils ont disparu du domicile
d'un de ses adjoints qui les y avaient emportés pour les
protéger. Est-ce là une façon réglementaire de conserver des
pièces à conviction?
- La disparition des pièces à
conviction laisse donc des questions à jamais sans réponse.
Comment les enfants ont-ils été surpris ?
- L'inspecteur Varlet a obtenu une explication
étrange de Patrick Dils au sujet de l'enfant qui ne se protège
pas ni ne s'enfuit: il serait resté immobile tout en criant.
Il est admis que des personnes très effrayées peuvent être en
état de sidération. Mais ces personnes ne peuvent pas plus
crier qu'elles ne peuvent bouger. Explications détaillées
ici
- On peut imaginer que deux personnes ont
attaqué simultanément les enfants
- L'usage très particulier de la "colle à
rustines" mentionné ci-dessus pourrait aussi expliquer la
chose.
- On peut supposer que l'assassin a pu approcher
les enfants en tenant une pierre dans chaque main puis les a
frapper simultanément.
- On ne connaîtra certainement
jamais la bonne réponse à ce point, qui avait intrigué dès les
début de l'enquête.
Questions concernant les diverses étapes de
cette saga
- Qui avait conseillé à l'inspecteur Varlet de
s'intéresser à Dils dans le cadre de cet affaire? Pourquoi le
policier s'est-il fié à ce point à ce conseil non motivé par
son interlocuteur?
- Pourquoi la juge d'instruction accepte-t-elle
le scénario attribuant des meurtres à Dils alors qu'un peu de
réflexion aurait suffi à voir ses failles? soumission à l'avis
de policiers bien plus expérimentés qu'elle? soulagement de
voir cette affaire "résolue"?
- Comment l'avocat de Patrick Dils au premier
procès n'a-t-il pas pu mettre devant les yeux du jury ces
énormes failles du scénario de l'accusation ? Il était en très
mauvaise santé à l'époque, aurait-il pu obtenir mieux sans ces
ennuis? Le jury a-t-il été à ce point bouleversé que toute
démonstration logique lui était inaccessible?
- Le plus difficile à expliquer reste la
réaction de la justice à Metz, qui décide le non-lieu envers
Francis Heaulme dans cette affaire. La justification donnée au
journaliste Emmanuel Charlot par un magistrat est que l'on ne
peut pas être sûr que les témoignages qui avaient disculpé
Dils lors de son second procès n'avaient pas été
chronologiquement faussés par le changement d'heure de ce
jour-là, certaines personnes n'ayant peut-être par mis leur
montre à l'heure. Pourquoi la justice de Metz a-t-elle émis
cette objection par rapport aux témoignages qui disculpaient
Dils alors qu'elle avait avalisé les nombreuses incohérences
de l'accusation? refus de reconnaître l'erreur? solidarité
entre confrères? pressions de l'une ou l'autre partie à cette
cause? De toute évidence, la justice de Metz tenait à la
culpabilité de Dils et refusait en conséquence la comparution
de Heaulme aux assises? Pourquoi?
La plus épouvantable des
questions !
La carrière criminelle de Francis Heaulme
aurait-elle pu être arrêtée fin 86 ou début 87 par une enquête
minutieuse auprès des hôpitaux, en particulier ceux qui
s'occupaient de troubles psychiatriques? Il avait été révoqué
autrefois par l'armée au conseil de révision en raison de
troubles nerveux. Il avait fait plusieurs séjours en hôpital
psychiatrique avant le double meurtre de Montigny. Son
comportement au cours des semaines suivant les meurtres aurait
pu (dû?) attirer l'attention des enquêteurs, car il dénotait de
profonds troubles psychiques.
Il y avait donc bien des indices de la dangerosité de Francis
Heaulme, avant et après ces deux meurtres. Cela se répètera
encore, en particulier après le meurtre du petit Joris Viville.
Il a fallu l'intuition et la persévérance d'un gendarme,
plusieurs années et plusieurs crimes plus tard, pour arrêter la
carrière criminelle d'un homme que ses troubles psychiatriques
désignaient depuis longtemps comme un meurtrier potentiel.
Pourquoi n'a-t-on pas pu arrêter plutôt sa carrière criminelle
en fonction de ces indices psychiatriques?